Edit'eau N°1

Mis à jour le 13/03/2019

Edito

Depuis mon arrivée dans l'Yonne, j'ai pu constater lors de visites de terrain et de rencontres avec des particuliers, des associations ou des professionnels, combien la question de l'eau était prégnante.

A juste titre, nos concitoyens sont de plus en plus conscients de l'importance de consommer une eau de qualité et ils sont légitimement préoccupés par les risques de pollution et leur impact sur la santé. Ils me disent ne pas avoir de réponses à leurs questions et ne savent pas où trouver l'information utile.

En France, l’eau du robinet est pourtant l’un des aliments les plus contrôlés et l'Agence Régionale de Santé, responsable de ces contrôles, publie systématiquement leurs résultats sur Internet (*).

L'Etat mène par ailleurs un important travail de prévention pour protéger en amont la ressource en eau, notamment par le biais de la sécurisation des captages. Or, ce travail est lui-aussi bien souvent méconnu.

Enfin, la qualité de l'eau n'est pas une matière figée : au fur et à mesure que notre connaissance scientifique des différents types de pollution progresse, de nouvelles questions émergent.

Il m’a donc paru nécessaire d'améliorer la communication auprès de la population et de rendre l’action des services de l’Etat plus visible. C'est l'objectif de cette lettre que d’y participer. Il s'agit de mieux informer mais aussi d’aborder différemment la question de la qualité de l’eau et d'inciter chacun à contribuer à sa préservation.

N'oublions pas en effet que l'eau n'est pas qu'une affaire d'experts. Nous sommes tous consommateurs ; soyons tous acteurs et travaillons ensemble à améliorer cette ressource si précieuse.

Cette lettre paraîtra régulièrement ; n’hésitez pas à me faire connaître vos attentes.


L'eau en transparence : contrôle et surveillance

L’eau est l’aliment le plus contrôlé en France. Elle fait l’objet d’un suivi permanent, destiné à en garantir la sécurité sanitaire, depuis le captage dans le milieu naturel, jusqu’au robinet du consommateur.

Son suivi sanitaire comprend deux éléments :

  • Une surveillance exercée par la Personne Responsable de la Production et Distribution de l’Eau (PRPDE), en charge de vérifier, les mesures prises pour protéger la ressource utilisée, le bon fonctionnement des installations, d’effectuer les analyses dans les systèmes de production et de distribution de l’eau et de réaliser une étude caractérisant la vulnérabilité des installations de production et la distribution d’eau vis-à-vis des actes de malveillance pour les unités de distribution les plus importantes.
  • Un contrôle sanitaire mis en œuvre par l’Agence Régionale de Santé (ARS). Ce dernier se traduit par des prélèvements et analyses d’échantillons d’eau réalisés par des laboratoires agréés par le ministère chargé de la santé, une expertise sanitaire des résultats d’analyse, ainsi que le contrôle de la surveillance réalisée par le PRPDE.

Les programmes de contrôle mis en œuvre par l’ARS portent sur des paramètres microbiologiques, physico-chimiques ou radiologiques, pour s’assurer que les eaux sont conformes aux exigences de qualité réglementaires et qu'elles ne présentent pas de risque pour la santé des consommateurs.

Pour compléter le contrôle sanitaire, l’ARS réalise par ailleurs des inspections d’ouvrages de production et de distribution de l’eau, ainsi que des périmètres de protection des captages d’eau.


Les exigences de qualité

Les exigences de qualité auxquelles doivent satisfaire les valeurs mesurées pour chaque paramètre sont précisées par le code de la santé publique, en application d’une directive européenne.

En France, les exigences de qualité sont classées en deux groupes :

  • Des limites de qualité pour les paramètres dont la présence dans l’eau induit des risques immédiats ou à plus ou moins long terme pour la santé de la population. Ces limites de qualité concernent d’une part, les paramètres microbiologiques et d’autre part, une trentaine de familles de substances indésirables ou toxiques (nitrates, métaux, solvants chlorés, hydrocarbures aromatiques, pesticides, sous-produits de désinfection etc.)
  • Des références de qualité pour une vingtaine de paramètres indicateurs de qualité, témoins du fonctionnement des installations de production et de distribution. Ces substances, qui n’ont pas d’incidence directe sur la santé aux teneurs normalement présentes dans l’eau, peuvent mettre en évidence un dysfonctionnement des installations de traitement ou être à l’origine d’inconfort ou de désagrément pour le consommateur.

Ces exigences de qualité sont notamment fondées sur les évaluations menées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour établir des « valeurs guides » en fonction des connaissances scientifiques et médicales disponibles. Une valeur guide est une estimation de la concentration d’une substance dans l’eau de boisson qui ne présente aucun risque pour la santé d’une personne qui consommerait cette eau pendant toute sa vie.


La gestion des dépassements des exigences de qualité

La gestion des situations de non respect des exigences de qualité des eaux distribuées au robinet est très encadrée par la réglementation.

Elle repose sur l’appréciation, en particulier par l’ARS, de la situation et des risques encourus par la population.

En cas de dépassement d’une limite de qualité, la PRPDE doit immédiatement informer le maire et les autorités sanitaires (ARS), procéder à une enquête afin de déterminer les causes du problème et porter les résultats de celle-ci à la connaissance du maire et de l’ARS. Il doit également prendre toutes les mesures nécessaires pour rétablir la qualité de l’eau.

En cas de risque pour la santé, le Préfet demande à la PRPDE, sur la base de l’avis de l’ARS, de restreindre, voire d'interrompre la distribution ou de prendre toute autre mesure nécessaire pour protéger la santé des personnes. La PRPDE diffuse immédiatement des recommandations d’usage à la population, en particulier aux groupes de population les plus sensibles.


S’informer sur la qualité de l’eau du robinet

Les données concernant chaque réseau de distribution sont disponibles :

  • Sur le site internet du ministère chargé de la santé, où les résultats du contrôle sanitaire de l’eau du robinet mis en œuvre par les ARS Agence Régionale de Santé sont accessibles commune par commune et sont régulièrement actualisés.
  • En mairie où les derniers résultats d’analyse de l’eau du robinet, transmis par l’ARS doivent obligatoirement être affichés sous 48 heures.
  • Auprès du responsable de la production et de la distribution d’eau.
  • Avec la facture d’eau où une note de synthèse sur la qualité de l’eau, élaborée par l’ARS est jointe chaque année, pour les abonnés au service des eaux.

Les métabolites

Les métabolites : Qu’est-ce que c’est ?

Une solution phytosanitaire est constituée d'une ou plusieurs matières actives, ainsi que d'éléments inertes. Au cours d'un traitement, certaines matières actives se dégradent totalement ou partiellement en une (ou plusieurs) autre(s) molécule(s) appelée(s) "métabolite(s)".

Les métabolites se forment suite à des réactions chimiques se produisant via le métabolisme de la plante, des ravageurs ou du sol.

Le contrôle sanitaire de la qualité de l’eau destinée à la consommation prévoit notamment l’analyse des pesticides : à la fois les substances elles-mêmes (dites molécules-mères), mais aussi celles qui sont issues de leur dégradation (les métabolites). La réglementation fixe une limite de qualité à 0,1 µg/ litre pour chaque substance, et 0,5 µg/l pour la somme des molécules.

Contrôle des métabolites :

Saisie par le Ministère de la santé, l’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) doit préciser les consignes pour la gestion sanitaire des métabolites de pesticides.

En 2017, l’ARS Bourgogne Franche-Comté a renouvelé le marché public du contrôle sanitaire de l’eau en intégrant les molécules les plus utilisées sur le territoire et retrouvées dans l’eau ces dernières années. En novembre et décembre, face à la présence d’un métabolite de pesticide (le CGA-dimétachlore) observé au-delà de la norme de qualité, l’ARS a demandé de restreindre la consommation d’eau dans quatre collectivités de l’Yonne. La consommation d’eau est déconseillée aux femmes enceintes et aux nourrissons, lorsque la somme des molécules-mères et des métabolites dépasse 0,5 µg/l.

Au 1er janvier 2018, le nouveau marché public du  contrôle sanitaire des eaux est entré en vigueur dans les autres départements. Depuis sa mise en œuvre, la présence du métabolite en question a été observée sur un nombre significatif de ressources dans l’ensemble de la région. En lien avec la direction générale de la santé, l’ARS a proposé de poursuivre le suivi de ces molécules pour consolider l’état des lieux, et d’attendre la publication du rapport de l’ANSES pour obliger ces collectivités à mettre en place des modalités de gestion.


Un travail pour l'avenir : la démarche de préservation du Bassin d'Alimentation de Captage de Lasson.

Le captage du Puits des Perrières alimente près de 900 personnes en eau potable sur les communes de Lasson et Neuvy-Sautour. Il est situé sur les communes de Lasson, Neuvy-Sautour, Sormery, Coursan-en-Othe (10) et Vosnon (10), sur une surface de 875 ha.

Ce captage a été identifié comme prioritaire au titre du « Grenelle de l’environnement » suite à la dégradation de l’état de la ressource en eau (par des nitrates et des pesticides).

Grâce à une très forte mobilisation des élus locaux et des partenaires (services de l’État, syndicat de bassin versant, chambre d'agriculture, exploitants agricoles, organismes prescripteurs, gestionnaires d'infrastructures), sous la forme d’un comité de pilotage, la Charte Départementale pour la reconquête de la qualité de la ressource en eau signée en juin 2016 par le Préfet, a été déclinée sur ce territoire pilote.

L’objectif était d’aboutir, dans un premier temps, à un programme d'actions agricoles et non-agricoles construites collectivement, afin de préserver la qualité de la ressource en eau en allant au-delà de la réglementation existante. Les actions intègrent des indicateurs de suivi simples qui permettent de suivre les dynamiques et les changements de pratiques.

Ce travail a ensuite été formalisé par la signature d'une charte par les acteurs locaux et par la prise d'un arrêté inter-préfectoral portant programme d'actions volontaires en 2018, signé par le Préfet de l'Aube et le le Préfet de l'Yonne. La mise en œuvre de l'ensemble des actions est aujourd'hui suivie par le comité de pilotage.

Il s’agit à présent de faire rayonner cette expérience au service d’autres territoires confrontés à des enjeux qualitatifs sur leurs ressources en eau.


Une obligation d'information

Les maires et responsables de la production et de la distribution de l'eau ont un devoir d'information de leurs administrés sur la qualité de l'eau distribué.

Le préfet de l'Yonne leur a rappelé leur obligation par un courrier que vous pouvez consulter ici.


Conseils et recommandations

Au quotidien, il existe quelques règles simples de consommation et d’utilisation de l’eau du robinet :

- Laisser couler l’eau avant de la consommer lorsqu’elle a stagné dans les canalisations, de quelques secondes à une à deux minutes (en cas de stagnation prolongée, après plusieurs jours d’absence, par exemple).

- Utiliser l’eau du réseau d’eau froide pour la boisson, la préparation ou la cuisson des aliments : une température élevée peut favoriser le transfert dans l’eau des métaux qui constituent les canalisations et la dégradation de la qualité bactériologique.

- Laisser l’eau du robinet dans une carafe ouverte pendant quelques heures dans le réfrigérateur pour éliminer un éventuel goût de chlore.


Des questions ?

Vous pouvez envoyer un message à pref-qualite-eau@yonne.gouv.fr